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CONTES À VOMIR DEBOUT 25
A l'intention des âmes sensibles, des membres de ma famile et de mes éventuels prétendants, je tiens à préciser que ce conte n'est pas du tout autobiographique.
Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?
Quand mon père est mort, j'avais cinquante ans. J'héritai de ses lunettes, et comme je commençais à devenir persbyte, j'en garnis mon nez. Elles m'allaient à ravir — j'ai la même petite tête en lame de couteau que lui. Dès lors, chose curieuse, je commençai à voir la vie en noir alors que, jusque là, je l'avais toujours vue en rose.
Puis, le temps m'affectant d'une légère surdité, je portai sa prothèse auditive que j'avais soigneusement conservée. Et moi pour qui tout était musique, mots d'amour, chants d'oiseaux, je me mis, comme lui, à ne plus entendre que les rumeurs malveillantes, les mensonges, les médisances, les propos hypocrites et les discours abjects.
Ensuite, mes dents tombant les unes après les autres, je les remplaçai par son dentier. Aussitôt, tous les aliments me semblèrent fades, amers, voire répugnants. Je perdis ma gourmandise et, moi qui raffolais des pommes vertes, des cornichons piquants, des viandes juteuses, de la saveur épicée des cuisines exotiques, je me découvris soudain anorexique.
Ne manquait plus que son anus artificiel pour que je devienne aussi chiante que lui. Mais celui-là, heureusement, je ne l’avais pas récupéré. La piété filiale a ses limites, quand même !
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Commentaires
1Benoît BarvinDimanche 3 Février 2013 à 08:34Répondre
Et c'est pas parce qu'on devient presbyte qu'on doit être casse-couilles.4guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:38
Sinon... ben tu sais bien que je ne respecte rien ! Mais bon, la petite phrase du début me préserve des interprétations douteuses, n'est-ce pas ? "Toute ressemblance avec une personne etc".5guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:386NadègeVendredi 29 Août 2014 à 13:387guduleVendredi 29 Août 2014 à 13:38
@ Castor : j'apprécie le compliment !
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