-
CE N'EST PAS SIGNÉ MÉMÉ GEORGETTE, MAIS C'EST TOUT COMME
La nuit dernière, un souvenir est venu me hanter. Si je ne le raconte pas, je sens bien qu’il va me pourrir la vie.
Il y a une douzaine d’années (les dates et moi, on est fâchées), j’avais publié chez Grasset un roman intitulé « J’irai dormir au fond du puits ». Le secteur jeunesse venait d’être créé, et c’était mon premier livre dans cette prestigieuse maison d’édition. Or, voilà t’y pas que, quelques temps plus tard, Marielle Gens, la directrice, m’annonce : « Ton livre a obtenu le prix de la Société des Gens de Lettres ». Ç’aurait été le Goncourt, l’Interralié ou le Fémina, j’aurais pas été plus contente. Je ne me sentais plus pisser, dis donc ! Arrive le jour de la cérémonie, qui se déroulait dans le magnifiques hôtel de Massa. Petits fours, ronds de jambes, etc. Tout le gratin littéraire était là. J’avais mis un pantalon propre et des baskets neuves, et bu une coupe de champagne, histoire d’avoir la pêche. Vient le moment de la remise du prix et des discours. DU discours, en fait, car je compris vite que mon livre, aucun des membre du jury (une dizaine d’écrivains style académiciens, entre soixante et quatre-vingts-dix ans) ne l’avait lu. Pas même le monsieur qui s’y est collé, et qui, pendant dix bonnes minutes, a fait des jeux de mots laborieux sur mon nom. De mon roman, censé avoir été élu pour ses qualités littéraires, personne n’a pipé mot. En revanche, le staff Grasset a été encensé pour avoir, une fois de plus, fait briller haut et fort le phare éblouissant de la culture française.
Je suis repartie, frustrée à mort, avec mon p'tit diplôme sous le bras. Et quand on m’a demandé si j’était heureuse, j’ai dit oui. Dès le lendemain, un joli bandeau rouge ornait la couverture du bouquin. Plein de gens l’ont acheté car il avait l’aval de SGDL. Et quand les droits d’auteur sont tombés, j’ai dit merci. J’allais pas, en plus, cracher dans la soupe !
-
Commentaires
Appliqué aux prix littéraires, ça donne : sans même parler des tractations commerciales entre éditeurs, il suffit de réfléchir 5 minutes pour comprendre que la sélection ne peut pas donner sa chance à tous les livres, que le choix final ne peut être ni représentatif, ni objectif (les goûts étant personnels et le niveau de qualité très loin d'être consensuel).
Et pourtant, ils font super plaisir à la plupart des auteurs et la plupart des lecteurs les achètent plus facilement.
Ceci dit, c'est vrai qu'un joli plumage peut ajouter au plaisir de manger après tout.
http://lunatikement.blogspot.com/2009/03/je-voudrais-etre-barbara-cartland.html
Vivement Mémé Georgette ! Y a pas un fan-club ?4GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:515Jean-Michel ArchaimbVendredi 29 Août 2014 à 13:516GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:51
Quand ce bouquin est sorti, Jacques Chambon m'a dit : "Tu me l'aurais donné pour Présence du fantastique", je le prenais sans hésiter. Ce n'était peut-être pas un bouquin pour gosses, après tout... De toute façon, j'ai toujours mélangé les genres. C'est sans doute la raison pour laquelle Actes sud vient de me refuser "Truc". Ecrit comme un livre pour la jeunesse, (d'après eux) alors que son thème le destine aux adultes. Je pense qu'on peut dire ça de tous mes livres...7fredericVendredi 29 Août 2014 à 13:518GuduleVendredi 29 Août 2014 à 13:51
Ajouter un commentaire
Le vrai prix qu'on obtient, c'est les vrais lecteurs qui nous le décernent, avec des vrais compliments.