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Taisez-vous, Sacha Guitry !
Lorsque j’étais enfant, l’abus du mot « moi », provoquait dans mon entourage ce réflexe pavlovien immédiat : « Taisez-vous, Sacha Guitry ! » L’ égocentrisme extrême du célèbre écrivain ayant érigé son nom en lieu-commun, ce dernier était passé dans le langage courant. Du coup, à chaque fois que « je la ramenais un peu trop », je prenais cette interjection en pleine poire.
La chose était d’autant plus perturbante que, grande lectrice de théâtre, je vouais à l’auteur de Si Versailles m’était conté, du Diable boiteux, du Roman d’un tricheur et de La Poison, une admiration éperdue, mémorisant ses « traits d’esprit » et recopiant ses dialogues dans les marges de mes cahiers, afin de m’en resservir le cas échéant.
Nonobstant, agressée par la phrase assassine, j’en vins à bannir de mon vocabulaire toute référence à ma propre personne. Ainsi par le biais d’un sobriquet qui, en toute logique, eût dû me combler d’aise, appris-je l’humilité.
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