• Episode 77

             Va-t-il falloir que nous jetions un voile pudique sur les ébats chifoumiesques de Zoé et Asia Li-Li ? Parce que bon, je n’ai aucune envie que ce feuilleton soit interdit aux moins de dix-huit ans, moi... Bon, allez, on jette, on laisse voguer son imagination, et les censeurs nous fichent la paix.  

     

             Lorsque Zoé regagna la BNS, après une nouvelle nuit au Georges V, elle pétait la forme. Les heures passées en compagnie de la belle Chinoise avaient rechargé ses batteries, et même bien au-delà.

             «  Pierre... caillou... puits... » se répétait-elle avec extase, tout en préparant son petit matériel professionnel.

             Et d’évoquer avec des frissons de volupté le sourire lascif, les traits adorables, le corps de rêve et les roucoulements ravageurs de sa partenaire. 

             «  Elle me manque déjà... J’ai hâte d’être à ce soir. Mais en attendant, au travail ! »

             Le premier patient qu’introduisit Zoé avait un regard étrange, derrière ses lunettes noires. Une barbe touffue couvrait ses joues ; il portait un chapeau  enfoncé jusqu’aux yeux.

             «  Encore un timide », pensa-t-elle, en l’invitant à se mettre à l’aise..

             Il refusa d’un geste ; elle n’insista pas. Une pudeur instinctive poussait un certain nombre d’hommes à cacher leur visage avant d’offrir leur zob. Loin de s’en formaliser, Zoé trouvait cela touchant ; elle respectait leur incognito. « D’ailleurs, se plaisait-elle à dire, j’en sais bien plus sur eux qu’ils ne le pensent : c’est fou ce que raconte une bite en érection, pour qui sait l’écouter ! »

             Celle de l’étrange barbu avait un petit reflet verdâtre qui l’ attendrit : elle était écolo dans l’âme. De sorte que l’affaire fut torchée en cinq sec, à l’évidente satisfaction des deux parties.

             Le lendemain, il revint.

             Et le surlendemain.

             Et les jours suivants.

             Si bien que, peu à peu, des liens commencèrent à se tisser entre eux.

             Comment disait toujours Zoé : « Dans ce métier, le piège, c’est de s’attacher. Mais on ne peut pas toujours museler son cœur, n’est-ce pas ? » Entre Asia la nuit et ce patient quotidien, le sien glapit bientôt comme une hyène en folie...

                                                                                                                                          (A suivre)


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  • Phobies

           Une dernière anecdote, pour en terminer avec les névroses éditoriales. Héloïse, directrice de la collection « Aventures » chez Presse-Book, avait une étrange manie : elle ne supportait pas les motsCorridorfigure et soulier qu’elle remplaçait systématiquement par couloirvisage et chaussure — au risque de créer un arythmie, une dissonnance, ou une répétition. Comme elle me publiait quelque dix bouquins par an, je me heurtais sans cesse à ses phobies.

             — Mais, protestais-je au début, un corridor et un couloir, ce n’est pas du tout pareil ! « Corridor » a une résonnance, un mystère qu’on ne retrouve pas dans « couloir ». En changeant l’un par l’autre, c’est l’atmosphère du paragraphe que vous altérez ! 

             Elle n’en avait cure.

             — Ces mots sont français, on les trouve dans le dictionnaire, plaidais-je encore, tandis qu’elle me biffait d’un trait rageur la figure et les souliers de mon héroïne.

             — Peu importe, je n’en veux pas. 

             A la longue, j’en vins à éprouver un frisson transgressif en prononçant — ou en entendant — ces trois mots-là. Ils étaient devenus tabous...

             Notre collaboration dura quatre ans, puis Héloïse changea de maison d’édition, me laissant entre les mains de sa remplaçante. Par une sorte de provocation puérile, j’apportai aussitôt à cette dernière un manuscrit intitulé « Corridor, figure et souliers », ce qui ne l’offusqua pas le moins du monde et m’offrit le défoulement du siècle !

     


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  • Épisode 76

              Eh non, contrairement à ce que pourrait laisser croire le chapitre précédent, notre histoire n’est pas terminée. Car après  « La trayeuse intrépide », puis « L’invasion des monstres de l’Espace », voici... Tatatam ! « La vengeance du fils des Etoiles » !

             Accrochez-vous à vos calbuts, les mecs !

     

             Le réveil fut joyeux. Que dis-je ? Triomphant. D’autant que le soleil  était de la partie. Dans la lumière du matin, le cimetière avait un petit air guilleret qui vous mettait le cœur en fête.

             — Bon, ben va falloir que je retourne au taf, moi, annonça Zoé en s’étirant. Et vous ?

             Ruth et Sire Concis se consultèrent des yeux.

             — On va faire jouer l’assurance, dit ce dernier.

             Sa compagne hocha la tête.

             — Nous sommes hyperblindés contre les risques d’incendie, j’y ai veillé personnellement. Ils doivent, en théorie, tout nous remettre à neuf.

             — Et en attendant ?

             — Ben... on reste ici, ça nous fera des vacances. Regarde comme le petit s’amuse !

             D’un menton attendri, Ruth montra Cédric qui empilait les pierres tombales comme de vulgaires Légos. 

             — C’est un véritable parc d’attraction, ici, pour lui !

             — Et ça ne fait de mal à personne, approuva le dragon. Les morts sont assez peu chiants, en général...

             Zoé ne semblait pas de cet avis.

             — Et les gens du cru ?

             — Bah, ce sont les dommages collatéraux de leurs conneries, ils n’ont qu’à assumer. Personne ne leur a demandé de démolir notre château, n’est-ce pas ?

             C’était le bon sens même. Laissant la p’tite famille à son paisible bonheur, Zoé regagna sa voiture, garée non loin des ruines. Et, joyeusement, reprit la route.

             Une phrase de bande dessinée chantait dans sa tête : Tout est bien qui finit bien. Elle avait hâte de retrouver sa routine, ses patients, son patron, sa chère BNS... et surtout Asia Li-Li !

                                                                                                                                 ( À suivre, hé, hé, hé)

     

     

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  • Je l'ai découvert au salon du livre de Gaillac. 

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