•  Episode 49

              Rien de tel qu’une bonne marée noire pour éliminer la descendance du Petit Prince et sauver l’humanité du péril extraterrestre. Tandis que les secours s’organisent dans les régions dévastées, Zoé va rendre compte à Ruth Prout de son action. Hélas...

     

             Quand Zoé parvint dans la chambre, elle la trouva vide, et le lit fait. Renseignement pris, la blessée était partie à l’aube, par la fenêtre, à dos de dragon.

             — Auriez-vous son adresse ? demanda Zoé, effarée.

             On la lui donna. Sautant dans sa voiture, elle retraversa aussitôt la France, direction : les Pyrénées. (C’est fou ce que ça bouge, dans cette histoire !)

             Elle atteignit la Montagne Noire — but de son périple — dans la soirée. Ruth Prout et Sire Concis habitaient au lieu dit « Maldonjon », qui ne figurait sur aucune carte et que ne signalait aucun panneau indicateur. Force fut donc à Zoé de s’arrêter dans une auberge pour y demander sa route. Ce qui ne lui déplut pas, d’ailleurs : elle avait faim, soif, et envie de pipi.         

             L’endroit était plein à craquer.

             Tout en commandant de quoi se restaurer, notre héroïne s’enquit :

             — Savez-vous où se trouve Maldonjon ?

             Aussitôt, le silence se fit dans la salle. Les visages blémirent. Les traits se crispèrent. Et d’une voix tremblante, le patron bredouilla :

             — M... Maldonjon ?

             — Ne prononcez jamais ce nom en ma présence ! lança un client.

             — Fasse le Ciel que cet endroit maudit disparaisse à jamais ! cria un autre.

             — Vous en avez marre de vivre, mademoiselle ? demanda un troisième.

             Ce n’était pas très engageant. Plus impressionnée qu’elle ne voulait le paraître, Zoé insista, néanmoins. À contrecœur, le patron lui indiqua la route à suivre, avant de lui présenter une note exorbitante — que, pressée d’échapper à l’ambiance étouffante, elle ne contesta pas (et pourtant, il y aurait eu de quoi : quarante euros pour un peu de râgout et une demi bouteille de Badoit,  hein, franchement, c’est pas du vol ?)

                                                                                                                                 (A suivre)


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  • Rue de la peur (le retour)

      Eh oui : tel le Phénix de la légende, Brigand est rené de ses cendres. Hier soir, Phiphi et moi remontions tranquillement la rue du Chien qui pisse quand il surgit de l’ombre. Aussi effrayant que jadis, et même nettement plus, du fait de sa mutilation. Après quelques semaines de convalescence, à stagner telle une flaque sur le seuil de sa maison, il avait repris du poil de la bête. Et attendait son heure. 

    Cette heure était venue.

    Phiphi allait payer pour toutes les brimades que, sûr de l’impunité, il lui faisait subir. Car non content de boire dans sa gamelle et de lui piquer ses os, il avait commis ce sacrilège ultime : marquer son territoire jusque sur sa personne...

    Ça méritait la mort !

    Avec un aboiement sauvage, la brute estropiée se rua sur mon chien qui détala sans demander son reste. Et en dépit de mes exhorations : « Arrête, Brigand ! Arrête ! », il s’élança à sa poursuite.

    C’est qu’il était rapide, malgré sa patte manquante ! J’ai encore dans l’oreille les glapissements d’effroi du pauvre Philémon, fuyant éperdument devant ce tueur de cauchemar. Je sens que le promenades vont encore être folklos, dans les jours à venir !

     


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  • Episode 48

      Résumé des chapitres précédents : Ça y est, Zoé est entrée en résistance. Vêtue de la combinaison de plongée de Ruth Prout, elle vogue vers la haute mer. Que peut-elle bien tramer ?

     

             Grâce à la boussole, Zoé n’eut aucun mal à situer le Dark Vomi, pétrolier vétuste dont Green Peace réclamait le retrait depuis des lustres, et qui mouillait au large des côtes normandes. Bien que la nuit fut tombée, la pleine lune éclairait suffisamment la scène pour lui permettre de mener son projet à bien.

             Armée de son équipement, elle nagea jusqu’au flanc du navire pour y fixer sa charge d’explosifs, puis s’éloigna dare-dare.

             L’explosion déchira la nuit, projetant tous azimuts des gerbes d’écume dont les remous faillirent engloutir le canot. Tandis qu’elle regagnait le rivage, Zoé pu voir jaillir, des soutes crevées du Dark Vomi, un sang noir et huileux qui couvrit la mer d’une nappe obscure...

             Ce fut une catastrophe écologique sans précédent. Plage polluée sur des centaines de kilomètres, faune et flore détruites, émanations nauséabondes... Le climat lui-même s’en trouva perturbé : d’épais nuages chargés de gaz toxiques empestèrent l’atmosphère, la rendant irrespirable. Les mouettes qui échappèrent à l’engluement de mazout périrent par asphyxie, et leurs cadavres jonchèrent le littoral en deuil. Des cas d’allergies galopantes se déclarèrent, il fallut d’urgence évacuer les populations.

             Face à cette catastrophe nationale, Zoé se frottait les mains. Car, quelle que soit l’importance du désatre, c’était du pipi de chat à côté de celui qu’elle venait d’éviter.

             Assurément, les sirènes de l’espace étaient mortes, avec le fruit de leurs amour coupables.

             Peut-être même qu’Aladdin y était passé, lui aussi.

             Et pourquoi pas Aurore et son saint Joseph mou ?

             Ainsi raisonnait notre héroïne, le lendemain matin, en se rendant toute guillerette à l’hôpital, pour annoncer la bonne nouvelle à Ruth. Mais une surprise l’y attendait...  

                                                                                                                                     (A suivre)


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  • Echos du village 

      Minuit... Insomnie. Je me lève, enfile ma salopette et vais me promener. J’adore les rues du village endormi. Pas un bruit, pas un souffle, juste la lune sur les vieilles pierres, une brise légère, et quelques chauves-souris qui tournoient dans l’ombre.

    Soudain, en passant devant chez Thérèse, dame  respectable d’une soixantaine d’années, notoirement célibataire :

    — Non, ça suffit comme ça ! entends-je, sortant par la fenêtre ouverte. Tu es un vrai obsédé, ma parole ! Fiche-moi la paix, laisse-moi dormir !

    Je tends l’oreille dans l’espoir d’identifier l’obsédé en question — curiosité oblige ! — mais il se tait piteusement. Il doit bouder, je suppose.

    Le lendemain, croisant Thérèse à l’épicerie, je lui glisse, mine de rien :

     — Tu as reçu de la visite, hier ?

     Elle secoue négativement la tête. Je n’insiste pas. La vie privée, hein, c’est sacré...

     Comme nous sommes voisine, on fait le chemin du retour ensemble.

     — Cet après-midi, j’emmène mon chat chez le véto, dit-elle, tout en marchant.

     — Il est malade ?         

     — Non, je vais le faire castrer. Depuis qu’il est en rut, je ne peux plus fermer l’œil. Toute la nuit, il demande à sortir, c’est insupportable !

    Ah, d’accord...      

     


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  • Episode 47

            Résumé des chapitres précédents : Ce satané Aladdin qui engrosse les sirènes deviendra-t-il maître du monde ? Ça nous f’rait mal, quand même !

            

             Force fut à Zoé de se rendre à l’évidence : discuter ne servait rien. il fallait agir, et vite ! Faussant compagnie au couple maudit, elle plongea dans la mer et regagna, à la nage, son canot qui dérivait non loin.

             — Je ne vois qu’une solution : alerter les Autorités au plus haut niveau, se dit-elle.

             Par chance, elle avait, parmi ses patients, le chef de cabinet d’un ministre. Sitôt sur la terre ferme, elle lui téléphona, et, vu la nature de leurs relations, obtint un rendez-vous dans la journée. Hélas, son histoire de sirènes extraterrestres engrossées par un enfant de deux ans se heurta à un scepticisme obstiné. Et elle eut beau user de toute sa diplomatie manuelle — euh... naturelle, pardon — pour convaincre son interlocuteur, rien n’y fit. Ayant terminé sa petite affaire, il la mit dehors avec bienveillance, en lui recommandant quelques jours de repos.

             Cet échec ne découragea pas notre héroïne.

             — Puisque je ne puis lutter par des moyens légaux, je combattrai dans l’ombre, décida-t-elle.

             Depuis des heures qu’elle y réfléchissait, un plan avait mûri dans son cerveau.

             Un plan audacieux.

             Illicite.

             Terrible.

             Le genre de plan qui met votre existence en danger — ou, dans le meilleur des cas, peut vous mener en prison jusqu’à la fin de vos jours. Style kamikaze, voyez ?

             Ce plan exigeait quelques informations que Zoé se procura chez l’un de ses patients, membre de Green Peace, ainsi qu’une boussole qu’elle trouva chez un patient marin, quelques outils qu’elle emprunta à un patient plombier, et une bombinette artisanale dont un patient chimiste lui donna la recette. Puis elle retourna en hâte à Slip-les-Bains.

             Une heure plus tard, vêtue de l’équipement encore sanglant de Ruth Prout — qui était resté dans le canot —, elle gagnait en hâte le grand large...

                                                                                                                                         (A suivre)

     


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