• Episode 26

      Résumé des chapitres précédents : Aurore Audoigtdefée n’était pas de mèche avec  feu le Petit Prince. Quel soulagement ! Zoé fête la bonne nouvelle en lui offrant un p’tit cognac.

            

             — Une verveine, plutôt. L’alcool me donne des aigreurs.

             Zoé ouvrit des yeux ronds.

             — Ah bon ? Première nouvelle. C’était pas toi qui déclarait à qui voulait l’entendre : « Un p’tit verre au réveil fait lever le soleil ? »

             Aurore Audoigtdefée eut un sourire très doux.

             — Je me suis amendée, depuis...

             — T’es rentrée dans une secte qui prohibe la boisson ?

             C’était une simple vanne. Mais à la rougeur subite de sa copine, Zoé sentit qu’elle avait visé juste.

             — Non ? C’est pas vrai ? s’écria-t-elle.

             Aurore baissa les yeux.

             — J’ai commandé une burka à la Reboute, avoua-t-elle dans un souffle. Je devrais la recevoir instamment sous peu.

             — Et... tu comptes poursuivre ton activité dans cette tenue ?

             — Ben oui. Y a pas de contre-indication, que je sache.

             — Et les patients ? Tu y as pensé, aux patients ? La bandaison, papa, ça ne se commande pas !

             — Certes, mais un peu de mystère stimule la libido...

             Elle n’avais pas tort. Qui sait si sa nouvelle apparence n’attirerait pas de nouveaux donneurs ? L’âme masculine est un puits insondable où grouillent, tels des scolopendres et des cancrelats, d’énigmatiques fantasmes.

             — Oh, tu fais comme tu sens, hein ! lâcha Zoé en frissonnant. Du moment que ça renfloue la banque.

             Le sourire d’Aurore devint lumineux.

               Bon, ben moi, je me tire, abrégea Zoé, en jetant quelques pièces sur la table.

                                                                                                                                            (à suivre)



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  • Le temps des secrets

      On promène Philémon dans le village. En chemin, il s’arrête pour faire son petit caca. Je l’attends, mais Sylvain continue à marcher.

             Distraite, je rattrape quelqu’un que je prends pour lui, et lui glisse à l’oreille :

             — Phiphi a la chiasse !

             L’élégant touriste auquel je viens de m’adresser se retourne, stupéfait, tandis que je m’éloigne très vite, le rouge au front.


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  • Episode 25

      Résumé des chapitres précédents : Anatole Youplala a raison : le silo rempli de semence extraterrestre est une véritable bombe à retardement. Il faut la désamorcer de toute urgence. Mais comment ?

     

             Telle l’abeille industrieuse, Aurore bossait depuis l’aurore. C’est-à-dire qu’elle avait déjà six heures de boulot dans les pognes.

             — Une petite pause café ? lui suggéra Zoé.

             — Avec plaisir. J’achève papi Mougeot et je te rejoins Aux Bons Amis.

             La laissant en tête-à-tête — euh... en tête-à-queue — avec l’aimable vieillard qui prenait sa branlée (et son pied), Zoé gagna le bistrot voisin où sa collègue vint la retrouver, un peu plus tard.

             — Alors, quoi de neuf, ma poule ?

             La question était anodine. La réponse, moins.

             — Le Petit Prince est mort, déclara Zoé, en la regardant droit dans les yeux.

             Aurore ne cilla pas.

             — Pardon ? s’enquit-elle simplement.

             Selon toute probabilité, elle ignorait l’identité de l’extraterrestre.

             — Un type d’un mètre-un mètre vingt, vert avec des antennes, ça ne te dit rien ?

             — Ben... j’ai eu un client qui ressemblait à ça. Pourquoi ?

             — T’a-t-il dévoilé ses projets ? 

             — Non, juste sa biroute. Assez quelconque, d’ailleurs, si mes souvenirs sont bons.

             — C’est tout ?

             — Bien sûr ! Nos rapports sont restés strictement professionnels. Où veux-tu en venir ?

             L’innocence la plus pure se lisant dans ses yeux, Zoé n’insista pas.

             — Tu me rassures, dit-elle. J’avais peur que tu sois dans le coup

             — Quel coup ?

             Dans sa bouche, ce mot avait une saveur particulière. Zoé, attendrie, lui sourit.

             — Que tu sois de mèche, quoi ! Oh, et puis laisse tomber. Je t’offre un petit cognac ?

                                                                                                    (à suivre)

     


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  • Une rubrique sympa — dont je suis l'invitée, merci Gabriel — sur le site de "La mare aux mots".

    http://lamareauxmots.com/blog/?p=6021#gudule


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  • Rancune éternelle

             Une soirée pocker chez Groucho, un copain dessinateur. Ils sont cinq autour de la table : notre hôte, sa femme Nada, Alex et un couple de journalistes. Moi, je ne joue pas. Et d’un, j’aime pas ça, et de deux, je tiens compagnie à Mélanie, âgée de quatre ans, qui s’ennuie un peu dans ce « tripot ».

             Alex gagne haut la main, au grand dam de Nada qui est mauvaise perdante. L’heure tourne. Il est presque minuit quand Mélanie, à qui je raconte des histoires sur le canapé, demande d’une petite voix ensommeillée :

             — On rentre à la maison, maman ? 

             — Je termine la partie, et on y va, répond Alex. 

             À ces mots, allez savoir pourquoi, Nada explose. Toute sa tension nerveuse s’évacue, d’un seul coup.

             — Tais-toi, tu n’es qu’une méchante fille ! aboie-t-elle.

             Sous l’agression gratuite, Mélanie fond en larme.

             — Méchante ! Méchante ! trépigne Nada, hystérique.

             Ce jour-là, parole d’honneur, je me suis découvert des envies de meurtre...

             On s’est cassés vite fait bien fait. Je n’ai jamais revu Nada, mais je lui en veux encore, trente ans après. Et il n’y a aucune raison que ça s’arrête.


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