• Edgar P. Jacobs

     Encore une histoire de dédicace. En cette anées 1953, une attraction peu banale attirait les foules au Salon de l’Enfance de  Bruxelles. Le dessinateur Edgar P. Jacobs réalisait « en direct » les planches du Mystère de la Grande Pyramide à paraître dans le journal Tintin. Et le dimanche après-midi, il dédicaçait ses albums.

             Les enfants qui n’en avaient pas (d’album) repartaient quand même avec un dessin, sur une feuille volante. J’étais de ceux-là, puisque tous les Blake et Mortimerde papa, ami de longue date, étaint déjà dédicacés.

             Je me glissai donc dans la file de gamins pour avoir mon dessin. Ça en valait la peine ! Car Edgar P. Jacobs ne se contentait pas de gribouiller un personnage vite fait, il le chiadait, le colorait sans dépasser, bref nous faisait cadeau d’un vrai petit chef d’œuvre !

             Après une bonne demi-heure d’attente, arriva mon tour. Et le maître me dit à voix basse :

             — Laisse ta place à quelqu’un d’autre, ma petite Anne. Toi, je t’en enverrai un à la maison.

             Je repartis donc, les mains vide, avec le sentiment d’être injustement punie. Et devant tout le monde, en plus ! Parole d’honneur, je ne me suis jamais sentie aussi frustrée !

             Deux jours plus tard, un dessin me parvenait par la poste. Je ne l’ai même pas regardé.

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  •        Épisode 9

      Résumé des chapitres précédents : Zoé et Sire Concis survolent les piscines hollywoodiennes pour tenter d’y découvreir les deux mille tonnes de sperme disparues.

     

             Force leur fut, hélas, de se rendre à l’évidence, : pas plus de piscines de sperme que de cheveux sur un gland. Rien que de l’eau pure, à perte de vue. Le joli temps des drag queen’s était bel et bien révolu.

             — Triste époque, remarqua le dragon.

             — En attendant, nous avons fait fausse route, soupira Zoé. Et il ne me reste que vingt heures à peine pour tenir ma promesse.

             Elle en était, à l’évidence, très affectée.

             — Ne nous laissons pas décourager, la réconforta gentiment Sire Concis. Il existe d’autres contenants où peuvent se stocker de grandes quantités de liquide : des réservoirs, des containers, des cuves, des citernes, des puits...

             L’énumération ne fit qu’accroître le désarroi de Zoé.

             — Il y en a des milliers, que dis-je, des milliards, sur la planète,  s’écria-t-elle. Autant chercher une puce dans un océan de poils !

             Tout en admettant la justesse de la comparaison, le dragon refusa de se laisse rabattre.

             — Si nous allions casser la graine ? proposa-t-il. Cela nous remonterait le moral.

             Et, sans attendre la réponse, il atterrit près d’une charmante petite auberge. 

     

                                                                                                                                                   (à suivre)



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  • http://www.rtbf.be/ouftivi/petits/ecouter-des-histoires/detail_name?id=1728059&type=video

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  • Les iris

      Tantine était une as du jardinage. Elle adorait ses fleurs, et en particulier les splendides iris bleus qu’elle avait plantés dans sa pelouse. Quatre d’entre eux étaient déjà sortis, et elle ne tarissait pas d’éloge sur leur beauté, tout en guettant, avec impatience, l’éclosion des autres.

              Cette année-là, pour une raison que j’ai toujours ignorée, on m’avait inscrite à l’école du Thier-à-Liège. Or, dans les petites écoles de campagne sévissait alors une charmante coutume : les élèves offraient des fleurs à la maîtresse. Chaque jour ou presque, un nouveau bouquet trônait sur son bureau. Et celui ou celle qui  l’avait apporté recevait un baiser devant toute la classe.

             J’enviais ces privilégiés, aux parents si compréhensifs. Moi, jamais Tantine ne m’aurait permis de dépouiller ses parterres...        

     Je résistai, oh, une semaine au moins ! Puis un matin, n’y tenant plus, j’arrachai subrepticement les quatre iris et, le cœur battant, en fis cadeau à la maîtresse. Celle-ci m’embrassa, comme prévu, et posa mon bouquet à la place d’honneur.

             Quand je rentrai, à midi, je trouvai Tantine dans tous ses états. Elle m’interrogea, comme elle l’avait fait pour mes grands cousins, mais je niai, bien sûr, être l’auteur du forfait.

             — Tu n’as pas vu quelqu’un rôder dans le jardin ? insista-t-elle. Un voisin, par exemple ?

             Non, non, je n’avais vu personne. D’ailleurs les voisins avaient des fleurs chez eux, pourquoi seraient-ils venus couper les nôtres ? 

             L’affaire en resta là jusqu’au dimanche suivant, à la sortie de la messe. Sur le parvis de l’église, la maîtresse accosta Tantine.

             — Merci pour les fleurs, lui dit-elle. Elles étaient magnifiques !

             Ma tante blémit.

             — Des iris ? articula-t-elle d’une voix rauque. C’est Anne qui vous les a donnés ?

             Mais elle connaissait déjà la réponse.


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  • Episode 8

       Résumé des chapitres précédents : À cheval sur Sire Concis, le dragon à tête de nœud, Zoé Borborygme fend l’espace à la recherche des deux mille tonnes de sperme perdues.

     

             — Où m’emmènes-tu ? s’enquit Zoé, tout en louvoyant entre les nuages, agrippée au cou de son fier destrier.

             — À Hollywood.

             — ?

             — Réfléchis cinq minutes : quelle est la caractéristique des résidences de stars ?

             — Euh... le luxe ?

             — Oui, mais encore ?

             — Je donne ma langue au chat.

             — Des piscines. Or, que peut-on mettre dans des piscines ?

             — De l’eau ?

             — Oui, ou du lait, comme chez les patriciennes romaines, ou du sang, comme chez la comtesse Bartholdi, ou des dollars, comme chez Onc’ Picsou... ou... ou ?

             — Du sperme ?

             — Comme chez les drag queen’s décadentes de la fin du vingtième siècle, exactement. Alors, ma cocotte, ouvre l’œil et le bon !

             Sur cette recommandation Sire Concis piqua vers les villas dotées de piscines azuléennes, au bord desquelles gisaient des créatures de rêve en petite tenue.

     

                                                                                                                                   (à suivre)



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