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              Mémé Georgette part en croisade 

     

    Tant qu’il n’étendra pas le cercle de sa compassion à tous les êtres vivants, l’homme ne trouvera pas la paix !

                           Docteur Albert Schweitzer

     

     

    «  On a intérêt à ouvrir l’œil, quand on va au supermarché ! déclare mémé Georgette d’un air sentencieux.

    — Pourquoi, mémé ?

    — Il ne faut jamais, tu entends, JAMAIS acheter des œufs marqués du numéro de code « 3 ». Ils proviennent d’élevages en batterie, et représentent  80% de la production nationale.

    —  Et alors ?

    — Les poules sont entassées dans des cages entièrement grillagées, où les normes en vigueur leur octroient à chacune une surface de 550 cm carrés (le format d’un feuillet A4).

    — Mais... c’est minuscule !

    — Je ne te le fais pas dire ! D’autant que, pour augmenter le rendement, elles se retrouvent souvent à six ou sept dans une cage prévue pour trois, ce qui réduit encore de mottié leur espace vital. Au bout d’un an, usées par ces conditions de vie et une ponte intensive provoquée artificiellement, elles sont envoyées à l'abattoir sans avoir connu l'extérieur, la terre ferme, l'air frais... et sans avoir jamais ouvert leurs ailes !

    — La vaaache ! C’est encore pire que dans Chicken run !

    — Malheureusement, les associations de défense des animaux ont beau gueuler, les services vétérinaire n’interviennent pas. Le sort des poules, ils n’en ont rien à battre. Pas assez prestigieux, je suppose...

    —  Et les consommateurs ?

    — La solution ne peut venir que d’eux. Voilà pourquoi il faut boycotter les œufs code 3.

    — Lesquels on doit prendre, alors ?

    — Les œufs code 2 ( 3% de la production totale) proviennent d’élevages situés sur le sol — ce qui est déjà un progrès — mais à l’intérieur de hangars surpeuplés ; les code 1 (12%) proviennent d’élevages en plein air, et les code 0 (3 %) d’élevages bios, c’est-à-dire effectués dans des conditions décentes. À toi de choisir !

    — Le 1 et le 0, évidemment ! Je vais prévenir tous mes copains !

    — Et moi, les lecteurs de Siné Hebdo ! »

     


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                                        À POIL, LES ANGES !

     

                      Les histoires de foufounes, ça marche toujours !

     

             Le nez dans son journal, Mémé Georgette explose de rire.

             — Qu’est-ce que t’as, mémé ?

             —Tu as entendu parler de la polémique sur le sexe des anges, n’est-ce pas ?

             — Non.

             — En 787, le concile de Nicée a tranché : ils n’en ont pas.

             — Qu’est-ce qu’on en a battre, de ces conneries ?

             — Parle pour toi : les catholiques intégristes, y attachent une grande importance.

             — Tu déconnes ?

             —Non, non, je t’assure. Figure-toi que pour présenter l’expo sur Ingres, à Montauban, le peintre des rues Ernest Pignon Ernest a suspendu sur la façade de la cathédrale (avec l’aval des autorités civiles et religieuses) deux immenses portraits d’anges, inspirés de la célèbre toile « Le vœu de Louis XIII » qui se trouve à l’intérieur. Tu me suis ?

             — Jusque là, oui.

             — Sauf qu’au lieu de leur laisser les grandes robes dessinées par Ingres, il les a déculottés, offrant aux yeux du public deux magnifiques sexes féminins.

             — Ça, alors, c’est marrant ! Des femmes à poil sur une église !

             — D’où la colère des intégristes qui, horrifiés par la chose, ont été de nuit leur coller un slip en papier journal. Ce qu’ils n’auraient pas fait, je précise, à des angelots fessus !

             — Et c’est ça qui te fait rigoler ?

             — Je ne devrais pas, je sais. La déprédation d’œuvres d’art pour des raisons morales n’a vraiment rien de drôle. Mais je ne peux pas m’empêcher d’ imaginer les trois ahuris en train de frictionner la foufoune de ces dames avec leurs balais-brosse dégoulinant de colle blanche. C’est d’un érotisme torride, tu ne trouves pas ? Le public et les journalistes n’ont vu, dans leur démarche, qu’un acte de piété ; moi, j’y vois de la perversion pure. Ils ont dû prendre un pied d’enfer, les bougres !

             — Mémé ! T’as pas honte ! Tu vois le mal partout !

             — Au contraire ! Le but de l’art n’est-il pas, avant tout, de procurer du plaisir ? C’est fait. Au nom des coincés de tout poil, je dis : merci Ernest !


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  • On me signale un article sympa ici : http://passiondeslivres.over-blog.com/article-1924584-6.html 

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  • (Cet article est paru dans le dernier numéro de Siné Hebdo sous le titre — excellent, au demeurant — "Rebut de presse)

     

     

                       Vos gueules, les journalistes !

                           (deuxième épisode)

     

           Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.
(Beaumarchais)

     

             « On a un grand comique à la tête de l’Etat ! s’esclaffe mémé Georgette. 

             — Qui ça ? 

             — Sarkozy, pardi ! Je viens de faire l’inventaire de ses coups de gueule contre les medias, et je peux te dire que ça y va, les gros mots ! Remarque, ça me le rendrait presque sympathique...

             — Là, tu exagères. La vulgarité n’est pas forcément drôle !

             — Tout dépend qui la pratique et dans quelles circonstances. Écoute plutôt :  le 10 juin dernier, notre cher président a traité Patrice Machuret, journaliste politique sur France 3, de crétin...

    ­— Bof, pas terrible, comme insulte !

             — Attends la suite. Dans Le Journal du Dimanche, Jean-François Kahn raconte : « Un jour, avant la présidentielle, Nicolas Sarkozy a dit à deux de mes journalistes : "Vous voulez savoir ce qu'est un journal de fascistes et d'enculés ? C'est Marianne et Jean-François Kahn !" Je lui ai renvoyé une lettre en lui demandant comment il savait, pour "enculé" ! »

             — Ah, y a du progrès !

             — Mais le top du top, c’est ce que Le canard enchaîné révèle, dans son numéro du 25 mars dernier. Enervé par le tollé qu’a soulevé dans la presse son séjour au Mexique, chez le banquier narco Roberto Hernandez Ramirez, Zébulon aurait déclaré : « Les journalistes, ce sont des nullards, il faut leur cracher à la gueule, il faut leur marcher dessus, les écraser. Ce sont des bandits. Et encore, les bandits, eux, on une morale ! »

             — Wahou, joli ! Mais... t’as pas l’impression de colporter des ragots ?

             — Je vais me gêner, tiens ! Avant, il y avait Font et Val pour nous chanter « Villa mon cul » et « On s’en branle ». Mais malheureusement, Font se fait de plus en plus rare et Val a troqué son sens de l’humour contre un dictionnaire de citations. Fallait bien que quelqu’un prenne la relève, non ? » 

     

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                                La culture avec un grand cul

     

                              Prévert doit se retourner dans sa tombe !

     

             « Vaut mieux entendre ça qu’être sourde, soupire mémé Georgette.

              — De quoi tu parles, mémé ?

              — Tu sais ce que Frédéric Mitterand a sorti, à propos de la loi Hadopi 2 ? « C’est notre devoir de lutter contre les chauffards de l’internet. »

             — Qu’est-ce que ça veut dire ?

             — Rien, c’est un mot d’auteur. Le genre de phrase creuse qu’on trouvera peut-être, d’ici cinquante ans, dans un dictionnaire de citations, et dont les amateurs du genre se gargariseront. Mais ce n’est pas le pire.

             — Ah ?

             — Non, il a ajouté : « Je ne veux pas qu’on traîne dans le caniveau des pirates l ‘atmosphère atmosphère d’Arletty, le c’est dégueulasse de Jean Seberg dans « A bout de souffle », la biscotte de Michel Serrault dans « La cage aux folles ».

             — C’est quoi, ces trucs ?

             — De merveilleux moments de cinéma auxquels « le caniveau des pirates » justement (bonjour la métaphore foireuse !) évitera peut-être de sombrer dans l’oubli. Les œuvres de Renoir, Prévert, Carné et autre Duvivier doivent rester, selon Frédéric Mitterand — en tout cas, c’est ce qui ressort de sa déclaration — l’apanage d’une élite (prononcer eylite, la bouche en cul de poule). Un truc de ciné-club, de cinémathèque, de musée, c’est-à-dire de mouroir. Pour qu’un film reste vivant, il doit être vu par le maximum de gens, y compris et surtout les jeunes générations, ce n’est pas Bouyxou qui me contredira. Internet nous offre une chance inouïe : mettre ces petits bijoux à la portée de tous. Permettre aux plus modestes de les (re)découvrir. Ressusciter, dans nos cerveaux saturés d’effets spéciaux venus d’outre-Atlantique, le discours Front popu d’un Gabin, la gouaille anarchiste d’un Bubu, la bonhommie caustique d’un Michel Simon, l’humour acide d’une Pauline Carton...

             — Qui c’est, ces gens ?

             —  Des marchands de rêve qui se sont battus pour faire du cinéma un divertissement populaire, et sont, aujourd’hui, pris en otages par notre nouveau ministre de la Culture (avec un grand cul) ! »


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