• Un joli portrait de Caterina Zandonella qui a illustré, entre autres, mon album "L'orage magique", paru aux éditions MicMac

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                      LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE

     

             — C’est pas moi qui vais pleurer, en tout cas ! grogne mémé Georgette en refermant le journal.

             — Sur quoi tu ne vas pas pleurer, mémé ?

             — Sur les malheurs de Cécilia.

             — ?

             — Elle vient de se faire voler pour 500.000 euros de bijoux, dans son domicile de Neuilly-sur-Seine qu’elle n’occupe quasiment jamais, puisqu’elle vit à Dubaï.

             — Ben... pourquoi elle les a pas emmenés avec elle ?

             — C’est la question que je me pose. Tu trouves ça normal, toi, de laisser traîner pour un demi million de bijoux dans une maison où tu n’habites pas ?

             — Non ! À moins que ce soit des vieux tout démodés qu’elle n’aime plus, évidemment... Elle s’en est peut-être acheté des nouveaux, depuis ?

             — Faut vraiment avoir du pognon à foutre en l’air !  Déjà, qu’une personne possède pour 500.000 euros de trucs inutiles dans un pays où 13% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où la barre des deux millions de chômeurs est largement dépassée, je trouve ça scandaleux. Mais qu’en plus, elle n’ait même pas la décence de les porter, ou de les placer dans un coffre à la banque ! Qu’elle les laisse traîner au fond d’un tiroir comme une paire de chaussettes trouées... Franchement, ça me révolte !

             — Remarque, ils ne sont pas perdus pour tout le monde !

             — Ouais, il y a peut-être une justice, après tout... Si ça se trouve, c’est une association caritative qui a fait le coup. Tu te rends compte qu’il y a de quoi nourrir une famille de RMistes pendant quarante ans, avec ces babioles !

             — Ou quarante familles pendant un an... C’est vrai que ça laisse rêveur !

             — Ce qui me console, si on va au bout du raisonnement,  c’est que les assurances vont casquer. Et ce serait bien la première fois que ces pompes à fric serviraient une cause humanitaire...

             


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                                   LA GUERRE DES BUS

     

             « Olé ! » glousse mémé Georgette, en frappant dans ses mains.

             J’ouvre des yeux ronds.

             « Ben... qu’est-ce qu’il t’arrive ?

             —Tu ne devineras jamais ce qui est inscrit, depuis début janvier, sur le flanc des bus barcelonnais.

             — Non, quoi ?

            Dieu n’existe probablement pas. Arrête de t’inquiéter et profite de la vie. 

             — C’est une pub ?

             — En quelque sorte : une campagne financée par un collectif d’athées qui en ont marre de l’emprise de la religion sur leurs concitoyens. Du coup, tous les athées d’Espagne se mobilisent, les fonds affluent. Il y a déjà 13.000 euros dans la cagnotte, ce qui va permettre d’étendre l’opération à Madrid et Valence, et peut-être même à Saragosse et Bilbao.

             — Marrant... Et les curés, ils réagissent comment ?

             — Le porte-parole de l’archevêché de Barcelonne a déclaré, dans un communiqué de presse, que « la foi n’est pas un obstacle à jouir honnêtement de la vie », tandis que les associations intégristes dénoncent « une campagne de haine contre la religion ». Mais le plus drôle, c’est la réponse de l’Eglise Evangéliste du sud de Madrid qui, aussi sec, a loué les mêmes emplacements publicitaires, sur lesquels on peut lire :  « Si, Dieu existe ! Profite de la vie avec le Christ ! ». Tu imagines les regards que doivent échanger les passagers des bus adverses, quand ils se croisent ?

             — Tu penses que les catholiques ne montent que dans les bus pro-catholique, et vice versa ?

             — On peut l’imaginer... En tout cas, qu’ils le veuillent ou non, ça les oblige à communiquer d’égal à égal, ce qui est rare dans un pays croyant à 80% !

             — Et qu’est-ce qui se passerait si les deux bus se fonçaient dessus ? »

             Mémé Georgette éclate de rire. 

             « Le vainqueur réclamerait les oreilles et la queue de son adversaire, je suppose ! »

     


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                                    Sonda mé, sonda mé, mucho !

     

             « 59%, râle mémé Georgette. Si c’est pas malheureux !

             —59% de quoi ?

             — De Français qui estiment que Rachida Dati n’aurait pas dû retourner bosser cinq jours après son accouchement... Franchement, qu’est-ce qu’on en a à battre ?

             — Ben... les femmes ont peur que leurs patrons en profitent pour sucrer une partie de leurs congés maternité.

             — Quand ils leur verseront des salaires de ministres, on en reparlera... Mais ce n’est pas tant ça qui me gène que le procédé.

             — Quel procédé ?

             — T’as déjà réfléchi à ce que c’est, un sondage ? On prend une poignée de clampins — toujours les mêmes, je suppose : ceux qui acceptent de répondre —, on leur pose une question à la con et, partant de là, on affirme haut et fort qu’un certain pourcentage de la population pense ceci ou cela. C’est le summum de la malhonnêteté ! »

             A y est, voilà mémé qui monte sur ses grands chevaux !

             « D’autant que, dans les médias, les sondages tiennent souvent lieu d’information, et influencent l’opinion publique. Quand on n’a pas d’opinion personnelle, on se rallie à celle de la majorité, n’est-ce pas ! En gros, cette gigantesque fumisterie est surtout un  outil de manipulation.

             — Tu exagères, mémé !

             — À peine... Je suis sûre que les sondages préélectoraux ont un véritable impact sur les votes. En tout cas, c’est un manière imparable de propager les idées les plus dangereuses — ou les plus saugrenues. Tu ne connais pas la dernière ?

             — ?

             —Un institut japonais vient de découvrir, en sondant 1.500 personnes, que les jeunes qui ne prenaient pas de petits déjeuners perdaient leur virginité deux ans plus tôt que les autres.

             — Non !?

             — Si ! Et à la question « Pensez-vous que c’est du foutage de gueule ? » 32% des Français interrogés ont répondu « oui », 45%, « non » et les 23% restants ne se prononcent pas... »

     

     

     


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                                          La raison du plus con...

            

    « Bordel de merde ! s’écrie mémé Georgette d’un air catastrophé. Ça y est, désormais, les chasseurs sont officiellement protecteurs de l’environnement.

    — Hein ?! Tu veux parler de ces espèces de tarés qui dézinguent tout ce qui bouge, de début septembre à fin février ?

    — Eux-mêmes, oui ! Ceux qui se déguisent en rambos pour tirer des faisans d’élevage... Ceux qui décrètent « nuisible » des animaux inoffensifs, pour pouvoir les tuer même hors période de chasse... Ceux qui accouplent les sangliers avec des truies (dont les portées sont trois fois supérieures, en nombre et en fréquence, à celles des laies) et s’étonnent que les bêtes en surnombre ravagent les cultures...

       Mais... c’est n’importe quoi !

    — Comme tu dis ! Sous l’égide du sénateur UMP Ladislas Poniatowski, l'Assemblée nationale a voté un texte destiné à développer ce noble sport chez les jeunes. En gros, primo, en 2009, le prix du permis de chasse va baisser — permis qui, en cas d'infraction, ne pourra plus être retiré d’office, mais uniquement sur décision du juge. Deuzio, les fédérations de chasse, promues « gestionnaires de la nature », seront consultées lors des projets d'aménagement du territoire. Et, troizio, toute action de sabotage anti-chasse sera passible des tribunaux.

             — Les cons ont tous les droits, alors ?

    — À peu près. Lorsque le député PS Jean-Paul Chanteguet a déploré que les forêts soient interdites aux promeneurs, le dimanche, Philippe Plisson (PS aussi) lui a rétorqué qu’une tradition ancestrale de loisir et de lien social (sic) devait pouvoir s’exercer tous les jours, et en particulier le week-end.

    Et personne n’a protesté ?

    — Si, mais que veux-tu ? En politique comme ailleurs, l’intelligence est rarement majoritaire. Les deux tiers de nos élus sont chasseurs... »

     


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