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                                     La clique à Benoît

     

             « Non mais je rêve ! » hurle mémé Georgette.

             Elle a l’air dans tous ses états.

             « Qu’est-ce que t’as, mémé ? 

             — Une femme vient d’être excommuniée pour avoir fait avorter sa fille... 

             — Et alors ? Qu’est-ce que ça a d’exceptionnel ?

             — La fille en question a neuf ans, et attendait des jumeaux. Son beau-père la violait depuis l’âge de six ans !

             — Ah, d’accoooord !

             — Et le plus « drôle », c’est que, lui, n’a subi aucune sanction religieuse. « Le viol est moins grave que l’avortement », a expliqué le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation pour les évêques du Vatican.

             — Non ?! Il a osé sortir une énormité pareille ?

             — Énormité d’autant plus grande que, selon les toubibs, la petite fille n’aurait pas survécu à cette grossesse !

             — Et qu’est-ce que ce con d’évêque a répondu à ça ?

             — Il a excommunié l’équipe médicale. Et la chose tombe d’autant plus mal que le gouvernement brésilien tente de dépénaliser l’avortement, ce qui n’est pas évident dans un pays ultra-conservateur.

             — En gros, si je comprends bien, pour être un bon chrétien, il vaut mieux être bourreau que victime ou sauveteur ?

             — En gros, ouais... Remarque, il y a longtemps qu’on le sait :  violeurs, pédophiles et tortionaires en tout genre ont toujours sévi, au sein de l’Église ! Et, vu les prises de position de notre nazillon de pape, ça ne va pas aller en s’arrangeant !

             — Le beau-père a quand même été arrêté ?

             — Heureusement ! Il risque 15 ans de taule. Parce que, ah oui, j’ai oublié de te dire : il se tapait aussi la frangine, une handicapée de 14 ans !

              — Et qu’est-ce qu’il pense de ça, monseigneur Machintruc ?

             — Silence radio !

             — Putain de justice divine ! Heureusement qu’il y a Justice humaine, finalement !

             — Mouais... Dommage que la clique à Benoît ne soit pas poursuivie pour complicité ! »

             


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                               VOS GUEULES, LES PUBS  !

     

             C’était l’autre matin. Je prenais mon p’tit déj’.

    « Y a plus de Banania ? », j’ai demandé à mémé Georgette.

    Elle m’a lancé un drôle de regard, en secouant négativement la tête.

    « T’en rachètes quand ?

    — Jamais. Je ne veux pas d’un produit qui doit tout son succès à un slogan raciste.

    —Tu veux parler de « Y a bon Banania » ?  Mais c’est fini, ça ! Ce n’est même plus marqué sur les boîtes !

    — Encore heureux : l’ignoble petite phrase a disparu en 2006, suite à l’assignation, par un collectif antiraciste, du propriétaire de la marque devant le Tribunal de Grande Instance.

    Ah, tu vois bien !

    — Le problème, c’est qu’il ne suffit pas d’interdire un slogan publicitaire aussi célèbre pour qu’il disparaisse du jour au lendemain.

    Ce symbole du colonialisme sévira encore longtemps dans le langage quotidien, crois-moi ! On le trouve même en toutes lettres dans la presse de gauche !

    Mais c’est de l’humour !

    — Ouais, de l’humour, bien sûr… Un humour qui faisait rire en 1915, quand on envoyait les tirailleurs sénégalais se faire dégommer, en première ligne… Et en 1931, à l’expo coloniale, où l’on exhibait les Africains comme des singes… Et qui continue, encore aujourd’hui, à véhiculer l’image d’un peuple débile, style Tintin au Congo ! Cet humour-là, petite, je lui pisse à la raie ! Sais-tu ce que disait Léopold Sedar Senghor ? « Je voudrais déchirer le rire Banania sur tous les murs de France »…

    Ah là là, voilà encore mémé qui monte sur ses grands chevaux !

    « Pfff, faire un foin pareil juste pour de la pub…

    — La pub est le reflet de notre société ; elle n’a pas son pareil pour formater les têtes ! Et outre le fait qu’elle détermine, à notre insu, la plupart de nos choix de consommateurs, elle est un vivier de lieux communs et d’idées reçues. Ça ne te suffit pas, comme raisons ? »

    Et elle conclut dans un soupir :

    « Trois raisons de boire Contrexéville ! »


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                                               Obscénités

     

    « Je me suis toujours demandé ce qu’on apprenait, à l’école de police, dit le grand Lulu. Maintenant, je le sais.

    Ah ? On apprend quoi ?

    — À mettre les doigts dans le cul. Si Brassens savait ça ! Lui qui chantait « Le nombril de la femme d’un flic », aujourd’hui, il chanterait  « Le fumet des doigts d’un flic » !

    Là, t’es carrément dégueulasse !

    — Désolé, mais l’exemple vient d’en-haut. En plus, Alliot-Marie et Rachida Dati approuvent ces méthodes. Elles seraient un peu revanchardes que ça ne m’étonnerait pas. Pour une fois que c’est un mec qui est victime d’une tournante !

     Tu parles de l’affaire de Filippis, je suppose ?

    —Je parle de tous les pauvres types à genoux, le froc sur les chevilles, qui se font humilier par une escouades d’abrutis hilares.

    T’as raison, je ne voudrais pas être à leur place !

    — Et tu ne connais pas la meilleure ? Pendant ce temps-là, la Justice française — dont la même Rachida est le plus beau fleuron ! — réclame mille euros d’amende à un chanteur punk pour « obscénité » parce qu’il s’est dépoilé sur scène. »

     Moi, ça me fait marrer. Lulu pas.

    « Et de vouloir foutre des môme de douze ans en taule, c’est pas obscène, peut-être ? explose-t-il.

    Euh…

    — Et la brigade des stups qui envoie ses clébards renifler les collégiens, c’est pas obscène ? Et les flics qui déboulent dans une maternelle pour embarquer les mômes des sans-papiers, c’est pas obscène ? Mais qu’est-ce qui est obscène, alors ? Tu peux me le dire ?

     Le zizi. 

     Ben voyons… », soupire le grand Lulu.

    Et on voit bien qu’il a les boules.

     

     

     

     


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                                     MA CABANE AU CANADA

     

    « Fini, dit le grand Lulu d’un air découragé.

    Qu’est-ce qui est fini ?

    La cabane dans les bois dont on a tous rêvé...

    Pourquoi ?

    — Pour protéger l’environnement, soi-disant. Le décret 2007-18, qui fait suite à l’ordonnance 2005-1527, interdit la construction de cabanes, même sur son propre terrain. D’ailleurs, les caravanes, les mobil-homes, les yourtes et les tipis sont prohibés aussi... 

     Mais... c’est complètement nul !

    — D’autant que ça arrive, comme par hasard, en pleine crise du logement. Or, si 70% de ces habitats précaires sont des résidences secondaires, 30% sont occupés à temps plein, dont 5% par des familles sous le seuil de pauvreté. Dix mille personnes, rien que dans l’Hérault !

     Et qu’est-ce qui se passe, alors ? La police les vire ?

    — Exactement : six mois pour dégager, sous peine d’une astreinte de 50¤  par jour de retard. Et c’est d’autant plus absurde que les caisses d’allocations familiale, elles, versent des APL aux familles en difficulté qui louent des mobil-homes !

    Et où vont les gens expulsés ?

    — Dans des HLM et des foyers d’accueil... quand ils en trouvent ! Ou sinon, à la rue. C’est comme ça qu’on fabrique de nouveaux SDF. Tu sais, ces SDF dont notre cher président nous avait assuré qu’aucun ne mourrait plus de froid, après son élection— et qui tombent comme des mouches, depuis début novembre. »

    Le grand Lulu pousse un profond soupir.

    « Quand je pense à mes potes écolos qui avaient choisi ce mode de vie en accord avec la nature, loin du consumérisme et de la pollution… Eux aussi, ils l’ont dans le baba ! »

     

     

     


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          BIG PARANO

     

    «  Pauvre Sarkozy », dit le grand Lulu.

    J’ouvre des yeux ronds.

    « Tu le plains, maintenant ? Je croyais que tu le détestais !

    — Mets-toi à sa place : être changé en pelote d’épingles, ça bafoue la dignité humaine ! Il a bien fait d’attaquer en justice.

    Tu parles des poupées Vaudou ?

    — Oui... Tu imagines le sentiment d’insécurité qu’il doit éprouver, en sachant que son image — ou toute autre information le concernant —peut être utilisée contre lui, à son insu ? Et pas par des gens qui lui veulent du bien, a priori...

    — C’est vrai que ça fout les jetons ! 

    — Remarque, Johnny Hallyday et Jamel Debbouze sont dans le même cas ...

     Ils ont leur poupée, eux aussi ?

    — En quelque sorte : ils sont fichés. Toutes leurs petites conneries sont répertoriées, depuis leur adolescence. Du coup, au moindre pet des travers, on peut les « épingler ». 

    Oh, le jeu de mot foireux !

    — Quand on sait l’utilisation qui est faite de ces fichiers dans les états totalitaires — arrestations arbitraires, déportations, exterminations, épurations, génocides, et j’en passe —, là, oui, vraiment, on a les jetons. D’autant que ce genre de régime, personne n’est à l’abri…

    Pauvre Johnny Hallyday !

    — Il n’est pas tout seul, rassure toi : quinze millions de citoyens lui tiennent compagnie dans le fichier Edvige, vingt-trois millions dans le STIC, sans compter ceux qu’on ne connaît pas. Bref, quasiment tout le monde a sa petite fiche— sauf un certain nombre d’hommes politiques, dont, je présume, notre cher président. Lui, il a juste droit à une poupée de chiffon. C’est plus joli, plus kitch, et nettement moins dangereux !

    Et ça bafoue moins la dignité humaine !

    Comme tu dis.

    Faudrait tous porter plainte, à la limite. Tu crois qu’on gagnerait ?

    — Non, mais ça serait sûrement inscrit sur nos petites fiches, et ressorti à l’occasion… On en a gazé pour moins que ça ! »


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